Après un mois sans cinéma (On ne compte pas la deuxième moitié de Blow Up projeté en plein air sur un camion, et Repo ! The Genetic Opera sur un drap dans un jardin ; Montréal est une ville étonnante) je me suis précipité cette semaine à l’Action Ecole pour découvrir la ressortie de The Devil Doll, avant-dernier film de Tod Browning, avec Lionel Barrymore dans une histoire de poupées humaines manipulées et diaboliques.
Dans ce film de 1936 (avant-dernier du cinéaste), on retrouve plusieurs éléments caractéristiques de son style : la vengeance, la manipulation, le vol de bijoux et la longue séparation d’un père et de sa fille à cause de la monstruosité supposée de celui-là.
Ce qui surprend un peu, c’est le postulat - purement fantastique, ce qui est rare chez Browning - de la miniaturisation, et l’esthétique de série B avec couple de savants fous (on remarquera la mèche blanche dans la chevelure noire de la femme, piquée à la fiancée de Frankenstein) et effets spéciaux à base de transparences et de décors à l’échelle – plutôt réussis d’ailleurs.
Le ton sombre, tragique, voire cruel de Browning est bien là, mais ce qui change, c’est le statut du personnage principal : comme dans Le Club des trois, il se déguise en vieille femme innocente pour commettre ses crimes.
Comme dans The Blackbird, il vole des bijoux et manipule son entourage pour arriver à ses fins. Comme dans West of Zanzibar, il cherche à se venger de ceux qui ont causé une séparation irrémédiable avec sa fille.
Mais contrairement aux personnages campés par Lon Chaney dans ces trois films, Lionel Barrymore est innocent et devient coupable, criminel, afin justement de prouver son innocence aux yeux de sa fille, elle qui depuis son enfance a appris à haïr ce père qu’elle ne connaît pas et qu’elle croit coupable. Ironie du sort, lorsqu’enfin il se sera réhabilité aux yeux de celle ci, il ne lui restera plus qu’à mourir pour expier les crimes dont il s’est rendu coupable par vengeance. Il est devenu un monstre, et il en a conscience.
The Devil Doll n’est pas le plus grand film de Tod Browning : dans la période parlante, Freaks le dépasse largement, et son chef-d’œuvre tragique, The Unknown, est loin derrière lui.
Cependant, je sais gré à Carlotta de l’avoir sorti, tant ses films sont invisibles. Seuls quatre d’entre eux existent aujourd’hui en DVD (toutes zones confondues), dont l’un (Outside The Law, un polar moyen qui compte la première apparition de Lon Chaney chez Browning) dans une de ces éditions de bazar, que l’on achète à un euro et qui le valent à peine.…
Et que fait-on du Club des trois, The Blackbird, The Show, Road of Mandalay, West of Zanzibar, The Mystic, Where East Is East?
Tous ces films méritent, aux yeux d’un cinéphile, autant d’attention que ceux de Murnau, chouchou des éditions MK2.
J’attends donc, et de pied ferme, que Carlotta poursuive vaillamment son travail de ressortie, avec d’autres titres et surtout des éditions DVD de qualité, afin de redécouvrir dans de bonnes conditions un des plus grands cinéastes du muet…
Dans ce film de 1936 (avant-dernier du cinéaste), on retrouve plusieurs éléments caractéristiques de son style : la vengeance, la manipulation, le vol de bijoux et la longue séparation d’un père et de sa fille à cause de la monstruosité supposée de celui-là.
Ce qui surprend un peu, c’est le postulat - purement fantastique, ce qui est rare chez Browning - de la miniaturisation, et l’esthétique de série B avec couple de savants fous (on remarquera la mèche blanche dans la chevelure noire de la femme, piquée à la fiancée de Frankenstein) et effets spéciaux à base de transparences et de décors à l’échelle – plutôt réussis d’ailleurs.
Le ton sombre, tragique, voire cruel de Browning est bien là, mais ce qui change, c’est le statut du personnage principal : comme dans Le Club des trois, il se déguise en vieille femme innocente pour commettre ses crimes.
Comme dans The Blackbird, il vole des bijoux et manipule son entourage pour arriver à ses fins. Comme dans West of Zanzibar, il cherche à se venger de ceux qui ont causé une séparation irrémédiable avec sa fille.
Mais contrairement aux personnages campés par Lon Chaney dans ces trois films, Lionel Barrymore est innocent et devient coupable, criminel, afin justement de prouver son innocence aux yeux de sa fille, elle qui depuis son enfance a appris à haïr ce père qu’elle ne connaît pas et qu’elle croit coupable. Ironie du sort, lorsqu’enfin il se sera réhabilité aux yeux de celle ci, il ne lui restera plus qu’à mourir pour expier les crimes dont il s’est rendu coupable par vengeance. Il est devenu un monstre, et il en a conscience.
The Devil Doll n’est pas le plus grand film de Tod Browning : dans la période parlante, Freaks le dépasse largement, et son chef-d’œuvre tragique, The Unknown, est loin derrière lui.
Cependant, je sais gré à Carlotta de l’avoir sorti, tant ses films sont invisibles. Seuls quatre d’entre eux existent aujourd’hui en DVD (toutes zones confondues), dont l’un (Outside The Law, un polar moyen qui compte la première apparition de Lon Chaney chez Browning) dans une de ces éditions de bazar, que l’on achète à un euro et qui le valent à peine.…
Et que fait-on du Club des trois, The Blackbird, The Show, Road of Mandalay, West of Zanzibar, The Mystic, Where East Is East?
Tous ces films méritent, aux yeux d’un cinéphile, autant d’attention que ceux de Murnau, chouchou des éditions MK2.
J’attends donc, et de pied ferme, que Carlotta poursuive vaillamment son travail de ressortie, avec d’autres titres et surtout des éditions DVD de qualité, afin de redécouvrir dans de bonnes conditions un des plus grands cinéastes du muet…
Sadoldpunk