Outre leurs personnages principaux, sortes d'alter ego de leurs auteurs respectifs, Damien Odoul et Bertrand Bonello - cinéastes au seuil de la quarantaine, cherchant un remède à leur désarroi dans des expériences transgressives, poétiques, sensualistes -, tous deux interprétés par Mathieu Amalric, L'Histoire de Richard O. et De La Guerre, sortis à quelques mois d'intervalle, partagent une foule de préoccupations communes.
La veine dionysiaque, la question du sexe (chez Odoul, sous l'angle de l'épuisement, dans une fuite en avant tragi-comique ; chez Bonnelo, dans une acception plus codée, cérémoniale) et plus largement celle du corps, par le biais de l'exercice physique (la transe, la lutte greco-romaine). Le constat d'un échec de la psychanalyse à solutionner, seule, les maux de l'âme (alternative, en somme, aux films que Desplechin tourne avec le même Amalric). La quête d'une présence accrue au monde, et dont la condition serait, paradoxalement, le retrait de la société (il faut voir le courageux Olivier Père tenter d'aborder le sujet en conférence de presse, à Cannes, aux côtés d'un Guillaume Depardieu franchement désagréable), le plus étonnant étant sans doute la façon dont les deux auteurs envisagent l'héritage de 68, année de leur naissance : la libération sexuelle trouve chez Richard un prolongement névrotique, et l'expérience communautaire tourne, pour Bertrand, au vinaigre sectaire ; dans le fond, c'est l'idée même d'un salut par le collectif que les oeuvres disqualifient, au profit d'une petite tambouille individuelle.
Leurs préoccupations, leurs expériences peuvent toucher. Elles peuvent aussi, à la longue, agacer. Quoi qu'il en soit, il faut alors les rapporter à celles, complémentaires, esquissées en quelques séquences, de leurs compagnes respectives (les excellentes Ludmila Ruoso et Clotilde Hesme). L'une est libraire, l'autre disquaire. Elles trempent dans l'art, le distribuent, mais ne le pratiquent pas. Elles observent à distance, avec autant de bienveillance que d'inquiétude, les errances de leur compagnon et, sans jamais les juger, cherchent à les comprendre. Elles attendent, patientes, qu'ils reviennent de la guerre.
Eux, que leur reprochent-ils ? De tenir la boutique, ou de s'accommoder des structures sociales ? De vouloir un enfant, d'en accepter l'idée ? D'être du côté de la santé ?
La simple et jolie chose qu'elles nous apprennent : le quotidien n'est pas sale.
Balthazar Castiglione
Leurs préoccupations, leurs expériences peuvent toucher. Elles peuvent aussi, à la longue, agacer. Quoi qu'il en soit, il faut alors les rapporter à celles, complémentaires, esquissées en quelques séquences, de leurs compagnes respectives (les excellentes Ludmila Ruoso et Clotilde Hesme). L'une est libraire, l'autre disquaire. Elles trempent dans l'art, le distribuent, mais ne le pratiquent pas. Elles observent à distance, avec autant de bienveillance que d'inquiétude, les errances de leur compagnon et, sans jamais les juger, cherchent à les comprendre. Elles attendent, patientes, qu'ils reviennent de la guerre.
Eux, que leur reprochent-ils ? De tenir la boutique, ou de s'accommoder des structures sociales ? De vouloir un enfant, d'en accepter l'idée ? D'être du côté de la santé ?
La simple et jolie chose qu'elles nous apprennent : le quotidien n'est pas sale.
Balthazar Castiglione
4 commentaires:
Hé, c'est une belle note. J'aimerais bien voir le Odoul d'ailleurs...
oui beau texte
continue, au travail petit hiibou
oups j ai oublie de signer
c etait moi
pas d accents sur ce clavier
Merci les amis ! (Petit hibou c'est très mignon.) Par ailleurs, le film d'Odoul n'est pas aussi convaincant que celui de Bonnello... Il a ses fulgurances, comme on dit...
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