jeudi 19 novembre 2009

Irène


J'ai revu récemment, avec un immense plaisir, les derniers entretiens de Serge Daney dans le documentaire Itinéraire d'un Ciné-fils. Il parle de son enfance de cinéphile-topographe ("pour moi l'image fondamentale, c'est la carte du monde"; "le cinéma c'est la promesse de faire un jour partie du monde"), de son expérience de critique aux Cahiers du cinéma (les années 70) puis à Libération (1981-1986). Il décortique et démonte la télévision, qui parle à tout le monde et donc à personne, de partout et donc de nulle part ("la télévision, c'est comme un gros téléphone d'hôpital").
Et puis il parle des nouvelles technologies, de l'apparition des images de synthèse (on est en 1992, Terminator 2 est encore tout chaud) avec un certain scepticisme, se demandant si le cinéma n'est pas arrivé au bout de quelque chose. En même temps, rappelant l'enthousiasme de Bazin pour la couleur, puis pour le Cinémascope, puis pour le cinéma en 3D (qui explose aujourd'hui, Cameron, encore), il dit: "Un cinéaste doit croire en l'avenir de son outil, sinon il est foutu".

C'est le cas d'Alain Cavalier, qui tourne depuis 10 ans ses films avec une seule caméra mini DV, la même qui sert aux étudiants en cinéma pour tourner leurs pochades entre copains (je sais de quoi je parle), la même qui sert au français moyen pour filmer ses vacances ou le mariage du cousin.
Irène est donc un film minuscule, sans budget, et qui plus est sans acteurs, si ce n'est quelques photos, une apparition humaine fugitive, et la voix-off de Cavalier qui nous raconte son histoire. Des images de chambres d'hôtels, portes, fenêtres, couloirs vides... et pourtant, il y a plus de cinéma dans cet essai, autobiographique et minimaliste (bouleversant de pudeur et d'intimité établie avec le spectateur, qui est comme "invité" par Cavalier à rentrer dans le film) que dans le dernier Terry Gilliam (qui est loin d'être honteux). Et ceci parce que, quel que soit l'outil, sa technique d'utilisation, sa qualité visuelle, son avenir, ce n'est pas lui qui fait l'essence du cinéma. Lorsqu'il est maîtrisé, par un technicien, par un "maître", l'outil produit ce que Daney appelle de l'image: la publicité ou les productions Besson.
Le cinéma, c'est autre chose: pour Daney, c'est du temps, la création d'un temps propre au film. Et celui qui crée la temporalité de son film, c'est nul autre que le cinéaste.
Alain Cavalier en est un , assurément.

mardi 1 septembre 2009

L'inconnu


Après un mois sans cinéma (On ne compte pas la deuxième moitié de Blow Up projeté en plein air sur un camion, et Repo ! The Genetic Opera sur un drap dans un jardin ; Montréal est une ville étonnante) je me suis précipité cette semaine à l’Action Ecole pour découvrir la ressortie de The Devil Doll, avant-dernier film de Tod Browning, avec Lionel Barrymore dans une histoire de poupées humaines manipulées et diaboliques.
Dans ce film de 1936 (avant-dernier du cinéaste), on retrouve plusieurs éléments caractéristiques de son style : la vengeance, la manipulation, le vol de bijoux et la longue séparation d’un père et de sa fille à cause de la monstruosité supposée de celui-là.
Ce qui surprend un peu, c’est le postulat - purement fantastique, ce qui est rare chez Browning - de la miniaturisation, et l’esthétique de série B avec couple de savants fous (on remarquera la mèche blanche dans la chevelure noire de la femme, piquée à la fiancée de Frankenstein) et effets spéciaux à base de transparences et de décors à l’échelle – plutôt réussis d’ailleurs.
Le ton sombre, tragique, voire cruel de Browning est bien là, mais ce qui change, c’est le statut du personnage principal : comme dans Le Club des trois, il se déguise en vieille femme innocente pour commettre ses crimes.
Comme dans The Blackbird, il vole des bijoux et manipule son entourage pour arriver à ses fins. Comme dans West of Zanzibar, il cherche à se venger de ceux qui ont causé une séparation irrémédiable avec sa fille.
Mais contrairement aux personnages campés par Lon Chaney dans ces trois films, Lionel Barrymore est innocent et devient coupable, criminel, afin justement de prouver son innocence aux yeux de sa fille, elle qui depuis son enfance a appris à haïr ce père qu’elle ne connaît pas et qu’elle croit coupable. Ironie du sort, lorsqu’enfin il se sera réhabilité aux yeux de celle ci, il ne lui restera plus qu’à mourir pour expier les crimes dont il s’est rendu coupable par vengeance. Il est devenu un monstre, et il en a conscience.

The Devil Doll n’est pas le plus grand film de Tod Browning : dans la période parlante, Freaks le dépasse largement, et son chef-d’œuvre tragique, The Unknown, est loin derrière lui.
Cependant, je sais gré à Carlotta de l’avoir sorti, tant ses films sont invisibles. Seuls quatre d’entre eux existent aujourd’hui en DVD (toutes zones confondues), dont l’un (Outside The Law, un polar moyen qui compte la première apparition de Lon Chaney chez Browning) dans une de ces éditions de bazar, que l’on achète à un euro et qui le valent à peine.…
Et que fait-on du Club des trois, The Blackbird, The Show, Road of Mandalay, West of Zanzibar, The Mystic, Where East Is East?
Tous ces films méritent, aux yeux d’un cinéphile, autant d’attention que ceux de Murnau, chouchou des éditions MK2.
J’attends donc, et de pied ferme, que Carlotta poursuive vaillamment son travail de ressortie, avec d’autres titres et surtout des éditions DVD de qualité, afin de redécouvrir dans de bonnes conditions un des plus grands cinéastes du muet…
Sadoldpunk

mardi 21 juillet 2009

Faux frères

Sortis respectivement en 1996 et 1999, Fargo de Joel et Ethan Coen, et Un Plan Simple de Sam Raimi se ressemblent de loin comme deux frères qui partagent à priori le même ADN.

Pour commencer, Sam Raimi et les frères Coen sont de bons potes ayant collaboré sur plusieurs projets : Les Coen sur le scénario de Mort sur le grill, réalisé par Raimi en 1985, et celui ci sur le scénario du Grand Saut, réalisé par les Coen Bros en 1994. Leurs univers, faits de références (aux polars et plus généralement à la série B) et d'auto-dérision, ont été très proches durant toutes les années 80: il suffit pour s'en convraincre de comparer l'humour cartoonesque dela trilogie Evil Dead et de Arizona Junior.
Quant aux films dont nous parlons ici, ils exhibent les mêmes signes extérieurs : appartenant au genre du polar, situés tous deux dans le nord enneigé des Etats-Unis (plus précisément le Minnesota, dont sont originaires les Coen, pour Fargo), ils mettent en scène l’interaction d’une valise pleine de billets et d’une famille américaine provinciale typique, qui éclate sous l’effet de l’accumulation de plans foireux menant tout droit à un finale forcément catastrophique et meurtrier.

Pourtant, malgré ces parallèles importants, les deux films sont au fond bien différents : dans l’écriture des personnages, dans le ton adopté et surtout dans la mise en scène de la catastrophe inéluctable.

Sixième film des frères Coen, Fargo poursuit leur travail de réflexion/citation sur le polar, après Blood Simple et Miller’s Crossing. On retrouve leur humour typique, grinçant et très noir, notamment dans les rapports entre les deux ravisseurs, deux bandits minables ne pouvant s’exprimer que par la violence (verbale et essentiellement menaçante pour l’un ; muette et radicale pour l’autre).

Les personnages sont construits, pour la plupart, comme des figures de caractères, presque des caricatures : les voyous stupides, le père de famille commercial lâche, le beau-père castrateur…. Seul le personnage de la femme-flic, interprété par Frances Mc Dormand, échappe à la satire : intelligente et pragmatique tout à la fois, elle poursuit son enquête avec détermination, enceinte jusqu’aux yeux, tandis que son peintre de mari reste à la maison. Un beau personnage féminin, ayant la charge de porter toute l’empathie du spectateur. En effet, aucun des autres personnages ne peut ici susciter un réel attachement. C’est là un reproche fréquemment adressé aux Coen que de regarder l’humanité comme une espèce un peu pathétique, à laquelle ils n'appartiendraient pas, s’agitant dans des actions toujours vaines. Ce reproche n’est pas infondé, mais là n’est pas la seule composante de leur cinéma.
En effet, cette écriture plutôt sèche s’accompagne d’une mise en scène extrêmement précise (peu de plans, découpage au cordeau, sobriété de l’ensemble, musique à la fois dramatique et discrète de Carter Burwell), soulignant le fatalisme du propos : dans Fargo, l’accumulation de catastrophes vient pour l’essentiel du déroulement inéluctable du Destin.
La décision originelle (l’enlèvement d’une femme organisé par son mari) ne peut mener qu’à un résultat désastreux et meurtrier, le personnage qui a organisé cet enlèvement n’ayant absolument aucun contrôle sur le cours des événements. Sa lâcheté fondamentale (face à son beau-père, face aux hommes qu’il a engagé ; face à son fils) fait que rien ne pourra évoluer dans le bon sens. Et ce n’est pas la bonne volonté de la policière qui changera quoi que ce soit.
C’est là la position critique des frères Coen par rapport à leur(s) personnage(s), qui emmène le film sur le territoire de la fable morale. Le rôle du personnage de Frances Mc Dormand serait alors de témoigner de la folie de ses contemporains.
Le hiatus que l'on peut cependant noter est le suivant : les frères Coen se positionnent en moralistes constatant la navrante bassesse de leurs congénères, mais ne leur laissent en même temps aucune marge de manœuvre, puisque la mécanique implacable (et impeccable) est réglée d’avance.

Dans Un Plan Simple, l’humour est présent, mais de manière plus discrète que chez son ainé, et surtout, de manière plus réaliste : c’est à dire qu’il vient des personnages eux-mêmes (Billy Bob Thornton et son pote qui font des blagues de rednecks) et non du regard que le cinéaste porte sur eux.
Le regard de Sam Raimi est en effet plus empathique que celui des frères Coen. Il fait partager au spectateur de manière crédible, nuancée et émouvante les difficultés de deux frères à communiquer : la séquence près de la ferme parentale, où Thorton expose son rêve – impossible - d’agriculteur à son frère, est à cet égard exemplaire de finesse et d’émotion sous-jacente. A l’inverse de Fargo, seul le personnage de la femme de Bill Paxton (interprété par Bridget Fonda) peut paraître légèrement caricatural dans ses motivations.
La mise en scène conserve la patte de Sam Raimi, c’est à dire les références à la série B et à son efficacité narrative (l’apparition des corbeaux et du cadavre dès la découverte du magot, les plans sur la pleine lune, ainsi que la très belle partition désaccordée de Danny Elfman, qui amène une note angoissée à tout le film).
D’une manière générale, Raimi assume totalement le fait que son film soit un thriller , un film de suspense. Sa mise en scène, sobre et précise dans les séquences du quotidien familial, tend à créer des pics dramatiques à chaque moment important de ce « plan simple ».
Car dans ce film, l’accumulation des catastrophes est dû essentiellement à ce que l’on pourrait appeler le « défaut humain » : chaque décision prise par un personnage, qu’elle le soit sous le coup de la raison (on ne se partagera l’argent que lorsque l’avion aura été découvert), de la peur (l’assassinat du voisin curieux) ou de l’égoïsme (tout ce que sa femme souffle à Bill Paxton pour parvenir à garder l’argent pour lui seul) ajoute un terme au problème.
Ainsi, la situation de départ (trois hommes et un magot) se complexifie à chaque étape, à chaque prise de décision. Et à chaque fois, le « plan » destiné à résoudre le problème devient plus compliqué, voire tordu (l’enregistrement des aveux de Lou, par exemple), et laisse un mort de plus dans la neige.
Chez Sam Raimi, nous ne sommes donc plus dans la mécanique du hasard, mais dans la tragédie pure : les actes ont des conséquences, et chaque homme doit assumer les conséquences de ses actes, quelles qu’aient été ses raisons, ses excuses ou ses motivations. Peu après le règlement de compte avec Lou, soldé par sa mort et celle de sa femme (qui, comme les autres meurtres, n’était pas préméditée), Billy Bob Thorton se confie à son frère : « Do you feel evil ? I do. I feel evil »
Finalement, le personnage de Bill Paxton parviendra à garder sa famille (sa femme et son nouveau-né), mais au détriment de sa fratrie, puisque son frère, plus faible et plus moral, se sacrifie pour le sauver. Il tentera de se déculpabiliser en brûlant l’argent (geste tabou aux Etat-Unis, et, selon Sam Raimi, raison essentielle de l’échec du film dans ce pays), mais sa famille ne pourra plus conserver que l'apparence de la normalité.
L’écriture du scénario (Scott B. Smith a adapté son propre roman pour l’écran) est parfois ce qui fait la faiblesse du film : la volonté de créer des pics de suspense de plus en plus forts amène une tendance aux coups de théatre parfois grossiers (le faux flic du FBI qui réapparaît, la rapacité forcenée du personnage de Bridget Fonda)... Mais sa force réside dans son regard sur l’humain : les trahisons de chaque personnage trouvent un écho chez le spectateur, qui est mis en position de se demander ce qu’il aurait fait à leur place.

Ainsi, à la fin du film, le spectateur partage l’inconfort et le malaise du personnage de Bill Paxton, criminel par accident et conscient de ne plus être comme les autres, de ne plus réellement faire partie de la communauté humaine. Tandis que chez les Coen, le spectateur est conforté dans sa position d’observateur lointain des errements des personnages, et peut, en conclusion, se glisser en compagnie de Frances Mc Dormand, dans le réconfort modeste et chaleureux d’une vie vertueuse et d’une honnêteté inébranlable.
Une question de point de vue, essentielle puisqu’elle fait toute la différence entre les deux films.

Sadoldpunk

mercredi 24 juin 2009

Public Enemies

Remake de Heat grimé en biopic romantique de John Dillinger, gangster notoire des années 30, Public Enemies, le nouveau long métrage de Michael Mann, est un grand film malade qui ne fait mystère ni de ses intentions, ni de son sujet : l’industrialisation du crime, l’optimisation des bénéfices réalisés par la pègre, la description précise des procédés du libéralisme naissant dont les milieux mafieux, très vite, comprendront l’intérêt et dont ils sauront, en les appliquant méthodiquement, tirer des profits à grande échelle. En contrepoint, le film fait de Dillinger le héraut d’une geste solitaire et entêtée, rien moins qu’un anachronisme historique, et pour se montrer réfractaire aux transformations qui s’opèrent sous ses yeux, un modèle criminel lancé à tombeau ouvert sur la voie de l’obsolète. Aux yeux d’organisations criminelles structurées comme la mafia, toujours prompte à s’adapter aux métamorphoses du capitalisme, Dillinger n’est plus qu’un voyou, anecdotique mais gênant, un libertaire de la rapine, un électron libre et incontrôlable qu’il devient nécessaire de neutraliser. A l’image de Dillinger, Michael Mann n’est pas un col blanc, lui aussi carbure à l’adrénaline, à l’action rapide, à l’acmé survolté et, dans le registre du film de genre dopé à l’action violente, se perçoit à juste titre comme un marginal. Dès lors, Public Enemies fait figure de métaphore où se mettent en scène la position du réalisateur sur l’échiquier de l’industrie cinématographique, comme ses revendications en termes de marge de manœuvre et d’indépendance. Mais curieusement, c’est en tentant de réaffirmer sa singularité de cinéaste, son besoin de solitude et de liberté, que Michael Mann se montre le plus soumis aux paramètres du cinéma dominant : montage très découpé et extrêmement rapide, presque tagué, charte graphique toute entière tournée vers le chromo sépia, reconstitution “années 30” oblige… jusqu’à l’élégance de son classicisme poussé ici aux limites de la désincarnation. Vous l’aurez compris. Pour raté qu’il puisse paraître sur le plan visuel, Public Enemies n’en reste pas moins un film absolument passionnant.

Fernet-Branca.

jeudi 14 mai 2009

Rachel se marie (good for her)

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, j’aime certains réalisateurs sans jamais pouvoir le justifier, parce qu’honnêtement, ils ne font pas de très bons films.
Je ne parle pas des réalisateurs qui ne font pas des bons films que j’aime mais de réalisateurs dont je n’aime pas les films, rien à dire, mais où je peux sentir une honnêteté à vouloir faire ce métier et plus que tout, l’envie de raconter une histoire juste et courageuse, qui malheureusement, par son sujet même, donne un film souvent fade et ennuyeux. Des mecs sympas, quoi.


Il n’y a que de très grands réalisateurs pour pouvoir s’emparer de sujets moralement parfaits et en faire de bons films. Et encore… Un mec comme Gus van Sant se débrouille pour tricoter un film correct avec Harvey Milk. Et sa caution hyper hype (en plus de son indéniable talent pour filmer une histoire, of course) le met à l’abri des acerbes remarques que tout film bien pensant récolte forcément de la part de la critique cinématographique (si il obtient un oscar, c’est la crucifixion). Fair enough.

Tout ça pour en arriver à Jonathan Demme. Ses films ne font pas date, bien qu’ils aient eu un certain succès commercial lors de leur sortie : Dangereuse sous tous rapports avec Melanie Griffith et Ray liotta, Veuve mais pas trop avec Michelle Pfeiffer, Le silence des agneaux, Philadelphia (oui, Tom Hanks a le sida, oui, son avocat est noir), Beloved, La vérité sur Charlie (j’aime bien malgré tout)… Ca ne va pas passionner les amateurs de belles images, qui regarderont plutôt Stop making sense, le concert filmé des Talking Heads, plus chic.

A côté de ça, des documentaires sur les pays pauvres, qui défendent la liberté et les droits de l’homme( Jonathan !!!). C’est pourtant devant l’un d’eux que j’ai eu la révélation. The agronomist, que j’ai vu dans un festival un peu par hasard, est un formidable documentaire sur le journaliste Jean Dominic qui revient dans son pays d’origine Haïti. Réalisé sur 15 ans, le film mêle interviews, images d’archives et offre un point de vue d’une rigoureuse honnêteté, d’une clarté de vue dans un système politique plus que complexe. S’ajoute un parfait sens de l’esthétique, humble mais malin, réaliste, souvent très beau.

Voilà pourquoi je voulais voir Rachel se marie. Demme méritait un bon film. Il est mieux que ça encore.
D’abord, il a dû se rendre compte que le réalisme lui allait bien et évacuait l’esthétique léchée, compassée et un peu ringarde de son cinéma. La caméra à l’épaule, le mélange de formats, l’aspect film amateur, son économie jouent en sa faveur et donne une bouffée d’air à la réalisation. Et puis son pêché mignon, ici le mariage « post racial » comme disent tous les journalistes depuis la victoire d’Obama, soit le mariage d’un noir et d’une blanche avec présence de toute la famille noire, se rattache à un sujet fort du film, la musique. Les deux familles se retrouvent autour d’une passion pour la musique, avec du jazz, du rock burné (le mari est le chanteur de TV on the radio), de la musique africaine…, très présente sous forme de concert filmé, musiciens dans tous les coins de l’écran, discussion de passionnés… Le quotidien de beaucoup de gens, en fait, mais que l’on retrouve rarement comme sujet exprimé d’un film.
Au-delà de ça, il se passe quelque chose de très malin, parce que le film est bien écrit. Je ne vous raconte pas exactement de quoi il s’agit pour ne pas vous gâcher les rebondissements, mais la réussite du film de famille est d’arriver à prendre le spectateur dans ses filets et qu’il ne raisonne plus à distance mais comme membre même de cette famille.
Le principe d’une famille (écoutez bien, c’est une révélation) est de figer un événement et de demander à chaque membre d’y répondre différemment. Ici, évidemment, l’événement en question est assez traumatique pour imposer à chaque membre un positionnement fort. Mais le personnage de Kim (Anne Hathaway), victime du jugement familial et seul personnage à avoir été obligé d’aller chercher un regard extérieur sur elle-même, au prix même de sa vie, renverse les données de cet événement.

Et bien, ça m’a mise sur le cul. Parce qu’une heure avait suffit à me faire entrer dans leurs problématiques et que j’en avais oublié la simple question, la plus élémentaire, le sujet du film, que pose alors Kim à sa mère, et qui déclenche les plus violentes réactions.
La dernière fois que ça m’avait fait un tel choc, c’était au ¾ de Portrait de femme (le livre d’Henry James), lorsqu’on découvre la nature de Mme Merle… Mon livre préféré, by the way…

lundi 23 mars 2009

Pause sentimentale

Pendant que Balthazar attend fiévreusement le top 30 de Martin Page, s'enquérant d'un éventuel oubli, Sad Old Punk laissera-t-il fleurir un top à chaque nouvelle note sans répliquer ? De son côté Berlin Belleville s'interroge : le top est-il une façon moderne de concevoir l'histoire?
Top et révolution, comment concilier ces concepts fondateurs de la pensée occidentale?
L’anonyme de Château Rouge, cauchemar de tous les bloggeurs de droite, planche sur le sujet…

Sad old punk me disait, il y a quelques mois, quand je réfléchissais à voix haute à une éventuelle présentation dans les formes de l’équipe de « La petite marchande de bombes », que d’une telle personnification, il n’était point besoin, tant chacun faisait l’effort d’exprimer dans chaque post une position réfléchie sur un sujet digne de ce nom.
Pulp est-il un sujet digne de ce nom ? Certainement (enfin, disons, pourquoi pas ?). Mais les tops, qui ont leur utilité en leur temps, sont un délice et une perversion, auxquels les instigateurs de ce blog cèdent trop facilement. Il leur fallait une punition. La voici.

Tout d’abord, la plupart des membres sont atterrés quant à la possible assimilation de « La petite marchande de bombes » au livre de Daniel Pennac La petite marchande de prose. Ils n’y avaient pas pensé lors de l’élaboration du nom mais un lectorat fidèle, attentif, bien que légèrement absent, le leur a fait remarquer. Vous comprendrez de vous-même d’après les articles de ce blog qu’un tel patronage horrifie les auteurs et je vous prierai de ne rien écrire pour dire, qu’en fait Pennac, c’est bien. Personne ne sera d’accord avec vous et vous deviendrez la risée de nos sardoniques auteurs. La seconde chose, avoué par une personne qui l’avait su elle-même de quelqu’un d’autre, porte sur l’origine de cette entreprise : l’un des fondateurs de ce blog ne l’a créé et alimenté que pour séduire une fille. Je comprends que vous soyez choqué, cher public absent, de n’être que le succédané d’une fille convoitée. Comment partir maintenant sur de bonnes bases ? C’est difficile.

Vous les décrire ? Ils portent pour la plupart des écharpes et des chaussures en cuir. Ils sont blonds mais aussi bruns avec quelquefois des lunettes. La plupart du temps, ils s’entendent bien mais leur amitié est traversée de sentiments fluctuants, quelquefois violents. Emportements dans le métro, crise de bisous, ils se sont battus plusieurs fois, affirmant les contours de leur virilités les uns contre les autres. Je ne dis pas qu’ils sont homosexuels, non, certes pas. C’est pire, ils sont artistes.

Leur âge ? Ils ne sont pas vieux, mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils sont précoces. Si on déduisait leur âge d’après leurs habitudes de vie, comme le fait le Glamour de février, on pourrait tout de même leur reconnaître un certain courage à taper sur un clavier, avec toute cette vilaine arthrite. L’alcool les perdra presque tous, de toute façon. Ou le manque d’exercice. Eventuellement, un avis divergeant sur Brian de Palma…

Mais passons à la partie intéressante, leur vie amoureuse. Ils ont une vie amoureuse très compliquée, bien qu’ils soient majoritairement célibataires. Ils ne parlent pas aussi souvent des filles qu’ils ne parlent de faire les soldes, mais ça les occupe. Certains d’entre eux sont assez prolixes, mais il y a aussi des âmes fidèles, tandis que certains autres font leurs coups en douce.
Ce sont de doux rêveurs, plutôt.
Au sujet des filles, leurs goûts sont très différents, il serait difficile de faire une généralité sur ce point. Mais ils s’accordent sur une jolie blonde aux yeux mouillés (j’ai dit les yeux).

Côté vie sexuelle, ils peuvent très bien en raconter les détails les plus intimes au détour d’une conversation sur la prochaine révolution française, ou préférer les révélations fracassantes pour animer les fêtes de fin d’année. Au moins deux d’entre eux ont failli coucher avec deux filles en même temps. Mais ca ne s’est pas fait. Finalement.

Vous les connaissez mieux maintenant, vous pourrez les apostropher avec plus de facilité quand ils cèdent à leurs coupables délices (mais attention, ils ont le sens de l’à propos). Et si vous voulez des photos… n’hésitez pas.
Comme je vous le disais au début de ce post, ce blog est fait pour ça !

dimanche 22 mars 2009

SHEFFIELD UNITED



Je m'étais promis de parler d'un livre (Un sport et un passe-temps de James Salter ? L'Institut Benjamenta de Walser ?)... C'est raté. Hymnes baroques et glamour déglingué, science du storytelling pop et de la punchline vacharde - à quelques semaines de la parution du deuxième album de Jarvis Cocker, j'ai pensé qu'il était temps de rendre un petit hommage à mes vieux amis de Pulp.

A leur propos, Martin ne tarit pas d'éloges, ni d'anecdotes. Il vous parlera, mieux que moi, des vertus de la patience (formé en 78, Pulp n'a connu le succès qu'une quinzaine d'années plus tard) et du fait qu'en secret, une poignée de super héros sauvaient les années 80 de la déroute... Je ne partage pas son point de vue sur l'époque, et ne suis pas loin de penser - comme Simon Reynolds, l'auteur de Rip It Up And Start Again - que la période post-punk fut un nouveau golden age of pop, mais, nous sommes tombés d'accord sur le fait que His 'n' hers n'était pas un album très convaincant.

Hier, chez Nessim, je me suis demandé si Pulp jouait dans la Ligue des Champions de la pop. Sheffield (United et Wednesday) n'évoluant pas en Premier League, je dirais que la bande à Jarvis est un peu l'Arsenal de la compétition. En comparaison, The Divine Comedy serait plutôt Villareal et Radiohead, Manchester United, ou le Barça. Champion d'Angleterre en 94, Morrissey joue maintenant le maintien (et ses supporters ne comptent plus que sur un exploit en Cup des singles).
Petites comparaisons absurdes... Pas moyen de savoir, pour citer Godard de façon plus ou moins fidèle, si Lang saute plus haut que Hitchcock, ou si Kubrick court le 100m plus vite que Ford. Voici donc - après le top 62 des Kinks - , mon top 30 de Pulp et Jarvis. (Ne cherchez pas Do You Remember The First Time, Dishes ou Master Of The Universe. Ils n'y sont pas, un point c'est tout.)

01 The Fear
02 I Spy
03 This Is Hardcore
04 They Suffocate At Night
05 Separations
06 Disco 2000
07 Death Two
08 F.e.e.l.i.n.g.c.a.l.l.e.d.l.o.v.e
09 She's A Lady
10 Quantum Theory
11 The Mark Of The Devil
12 Fat Children
13 Roadkill
14 97 Lovers
15 Underwear
16 Goodnight
17 Common People
18 Wishful Thinking
19 Seconds
20 The Day After The Revolution
21 A Little Soul
22 She's Dead
23 Party Hard
24 Bad Cover Version
25 Life Must Be So Beautiful
26 There's No Emotion
27 Disney Time
28 Glory Days
29 Manon
30 Love Is Blind


Découvrez Pulp!

lundi 19 janvier 2009

meilleurs films de l'année 2008


1. Valse avec Bachir, de Ari Folman
Merveille d'intelligence, de sensibilité et d'imagination.
2. Be kind, rewind, de Michel Gondry
Je suis d'accord avec le commentaire de Balthazar Castiglione (voir post précédent sur le même blog - sauf pour le côté brouillon, ah et c'est un chef d'oeuvre disons-le).
3. Two Lovers, de James Gray
Par le seul réalisateur américain marxiste, romantique et lacanien. L'histoire d'un amour à la fois humble et splendide.
4. Mister Lonely, d'Harmony Korine
Sujet impossible et pourtant le miracle se produit. Après tout, l'art c'est de la religion.
5. Les Sept Jours, de Ronit et Shlomo Elkabetz
Vive la famille.
6. A Bord du Darjeeling Limited, de Wes Anderson
La grâce. Bientôt au Louvre, départment de la Renaissance Italienne.
7. Vicky Christina Barcelona, de Woody Allen
Qu'on arrête de dire : Ce n'est pas son meilleur. Bon, ça va. On a compris. Il y a des tas de choses qui ne vont pas. Ok. Mais cet homme est un génie, alors arrêtez de râler. C'est un très beau film, subtil (je veux dire plus subtil que l'agitation des Américaines ; c'est un film à regarder comme un tableau, des détails apparaissent que l'on avait pas remarqué la première fois, et qui donnent un sens auquel on n'avait pas pensé. Mais bon on peut toujours regarder l'Annonciation de Francesco del Cossa en disant "pff encore une annonciation"). Et cette actrice blonde dont le nom m'échappe est excellente.
8. Un conte de Noël, d'Arnaud Despleschin
Je crois que j'aime tous les films de cet auteur. Bien sûr que je n'aime pas plusieurs choses dans ce film. Mais quand on est amoureux d'une fille est-ce qu'on dit ses défauts au monde entier ? Non, je ne crois pas.
9. Step brothers, d'Adam Mc Key
Dans la lignée de De l'influence des rayons gamma sur la croissance des marguerites (Paul Newman) et de Ordinary People (Robert Redford - que l'on peut aussi citer pour avoir joué dans les deux meilleurs reprises non-sorties au cinéma cette année, deux chefs d'oeuvre : Pat Garrett et le Kid -avec Newman et Nos Plus Belles Années, de Pollack (The Way We Were : avec Streisand, j'aime ce film ! il faut le voir vraiment vraiment). Ce film se révèlera (on peut dire ça de l'ensemble des films de la bande Apatow) comme tenant la même place dans l'histoire du cinéma que les écrits de Barthélémy Prosper Enfantin dans celle de la critique sociale.
10. The Rocker, de Peter Cattaneo
Rien d'aussi émouvant depuis le Voleur de bicyclette (les deux films ne sont pas sans rapport). Et puis, ça me rappelle pas mal d'amis de ma jeunesse banlieusarde (et sans doute moi aussi... même chose pour Step Broters).
11. (un top 10 a toujours plus de 10 films, c'est la règle) Wall-E
Seulement la première partie, la deuxième est désolante de convention.

Les deux films que j'aurais aimé voir : Quatre Nuits avec Anna de Jerzy Skolimovski (tiens et Wonderful Town dont Balthazar parle très bien). Et le Depardon. Je ne parle pas des films que je n'ai pas aimé. Si je devais en parler, une mention spéciale reviendrait à Let's get Lost de Bruce Weber. Comme tout le monde semble aimer ce film, je peux le critiquer sans paraître m'attaquer à un pauvre film sans défense. Je vais tenter d'être mesuré. Je le trouve horrible. Le moment où Weber fait dire à la mère de Chet Baker combien il était un mauvais fils, combien il a été une déception... C'est simplement dégueulasse. Dans la continuité, la manipulation des femmes de la vie et des enfants de Chet est glaçante. On ne peut pas faire comme si, comme si des saloperies dans un film (dans un documentaire et de la part du réalisateur) pouvaient être oubliées parce qu'il y a de belles images et du talent (sur un autre blog, j'ai parlé de Lenie Riefenstahl, j'exagère, mais il y a de ça). Ethique et esthétique ne sont pas séparables. Voir les films de Depardon. Ou voir le beau documentaire de Charlotte Zwerin sur Monk, Straight no Chaser.

Pour terminer ce top 10 de l'année, il faudrait parler des séries géniales découvertes cette année, comme In Treatment et Mad Men. Un jour, on les trouvera à la Cinémathèque.

(Ce post est dédié à Fernet Branca du blog La Cadillac, les jolies filles et le chocolat. Tout ça c'est du jeu aussi, c'est agréable.)

Martin Page

jeudi 15 janvier 2009

top ciné 2008

1 Two Lovers de James Gray
Vaut-il mieux que les cinq suivants ? Il fallait bien choisir, et je regrette déjà. Infiniment plus ambigu qu'il n'y paraît, Two Lovers est un faux film mineur, une oeuvre drôle et bouleversante.
2 Un Conte de Noël d'Arnaud Desplechin
Le digne successeur de Rois et Reines. Pour son récit foisonnant, sa mise en scène ample et fluide, son comique absurde.
3 Wonderful Town de Aditya Assarat
J'ai déjà dit, dans une précédente note, tout le bien que je pensais de ce film...
4 Valse avec Bachir d'Ari Folman
L'audacieux "documentaire d'animation" boudé à Cannes est une splendeur visuelle, doublée d'un travail passionnant sur l'histoire et la mémoire.
5 No Country For Old Men de Joel et Ethan Coen.
Fargo sudiste, No Country For Old Men perd en sarcasme ce qu'il gagne en suspense. La mise en scène est limpide, le récit implacable et les acteurs, exceptionnels.
6 Cloverfield de Matt Reeves
Blockbuster efficace doublé d'une improbable love story, Cloverfield interroge l'Amérique de l'après-11 septembre avec une naïveté convaincante.
7 Be Kind, Rewind de Michel Gondry
Sous des airs légers et brouillons, Be Kind, Rewind travaille l'idée de mémoire et célèbre la communauté. Quelque part entre Eternal Sunshine... et Dave Chapelle's Bloc Party.
8 Quatre Nuits avec Anna de Jerzy Skolimovski
Le retour, après dix-sept ans d'absence, de Jerzy Skolimowski. Moralité : l'amour ne laisse qu'un trou dans le décor... D'une noirceur à peine croyable.
9 Tokyo Sonata de Kyoshi Kurosawa
Kyoshi Kurosawa ne renonce qu'en apparence à filmer des fantômes ; probablement son plus beau film depuis Kaïro.
10 Le Silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne
Un Dardenne de très haute volée, rythmé comme un polar, politique dans le meilleur sens du terme.

11 Les Sept Jours de Ronit et Shlomo Elkabetz
12 Rumba de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy
13 Step Brothers d'Adam McKay
14 En Construction de Jose Luis Guerin
15 The Dark Knight de Christopher Nolan
16 Speed Racer de Larry et Andy Wachowski
17 La Soledad de Jaime Rosales
18 De la guerre de Bertrand Bonnello
19
My Magic d'Eric Khoo
20 La Vie Moderne de Raymond Depardon

21 Les Plages d'Agnès d'Agnès Varda 22
Diary Of The Dead de George A. Romero 23 Wall-E de Andrew Stanton 24 Appaloosa d'Ed Harris 25 Interior Design de Michel Gondry 26 Pinneaple Express de David Gordon Green 27 Lake Tahoe de Fernando Eimbcke 28 Entre les Murs de Laurent Cantet 29 Capitaine Achab de Philippe Ramos 30 Bons baisers de Bruges de Martin McDonagh 31 Sweeney Todd de Tim Burton 32 Forgetting Sarah Marshall de Nick Stoller 33 It's a Free World de Ken Loach 34 Peurs du Noir de Blutch, Charles Burns, etc. 35 Louise Michel de Gustave Kervern et Benoît Délépine 36 Gomorra de Matteo Garrone 37 Tropic Thunder de Ben Stiller 38 There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson 39 Phénomènes de M. Night Shyamalan 40 A Bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson 41 L'Heure d'Eté d'Olivier Assayas 42 Hellboy 2 de Guillermo del Toro 43 Septième Ciel d'Andreas Dresing 44 Burn After Reading de Joel et Ethan Coen 45 Seuls Two d'Eric et Ramzy 46 Merde de Leos Carax 47 Hunger de Steve McQueen 48 Afterschool d'Antonio Campos 49 La Belle Personne de Christophe Honoré 50 Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen.

Je promets de les voir prochainement, d'une façon ou d'une autre : Dans La Vie, Julia, Le Premier Venu, L'Echange, Ploy, Let's Get Lost, L'Eté Indien, Versailles, Back Soon, Woman On The Beach, Dans La Ville De Sylvia, L'Homme de Londres, La Frontière de l'Aube, The Visitor, Stella, L'Un Contre l'Autre...

Prix de la déception : Doomsday / Babylon A.D.
Prix du beau film sur-estimé : There Will Be Blood.
Prix de l'auteur en petite forme : Woody Allen pour Vicky Cristina Barcelona.
Prix de la merde encensée par le public sensible aux questions sociales : El Bano del Papa.
Prix du film aussi virtuose que stupide : Funny Games.
Prix de la comédie vulgaire, idiote, platement réalisée et régulièrement drôle : You Don't Mess With the Zohan.
Prix du plus beau moment dans un film par ailleurs moyen : le plan-séquence dit "de la plage" dans Come Back To Me.
Prix du film décevant les promesses de son premier quart d'heure : Indiana Jones and The Kingdom of The Crystal Skull.
Prix de la reprise : De l'Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites.