J'avais envie de rire, et pour cela il me fallait un prétexte, un film qui se présentait comme drôle pour amorcer la chose. Peu m'importait qu'il le fut réellement. J'étais décidé à simuler. Je voulais me trouver dans une salle où mon rire serait possible. Il n'aurait pas eu de sens, mais sa sonorité m'aurait rappelé de vrais rires passés et sincères. Je me préparais à un film banal et gras, je préparais mon rire tonitruant à des gags sans imagination ; mon rire serait forcé et violent, il me donnerait le hoquet et mal à la gorge. Et puis, non. J'ai été pris au dépourvu. step brothers est un film drôle, distingué et incroyablement émouvant ; le jeu des acteurs est subtil, les situations originales, il y a mille trouvailles qui le rendent supérieur à tous les autres films de l'écurie Apatow (et le place en haut du podium des comédies de ces dernières années). Et, chose rare, c'est une comédie qui ne connaît pas de faiblesse à mesure qu'elle avance. Elle tient bon. Surtout ce film est constamment sur la ligne entre rire et émotion ; c'est très fin, on est à deux doigts d'éclater en sanglots, mais non, juste à temps, un détail, le jeu des acteurs nous emporte du côté de l'humour. Voilà un film sentimental, profond, humain. Non seulement step brothers est d'une grande intelligence comique, mais ce qu'il dit de la famille, de l'amour, de ce drôle de truc de devenir adulte, de renoncer à nos jeux ou pas, le rapproche de films comme Ordinary People (Robert Redford) et de L'influence des rayons gammas sur le comportement des marguerites (Paul Newman). Et puis, je me suis rarement autant marré.
Ce matin je dois écrire un texte pour Le Monde à l'occasion du salon du livre jeunesse de Montreuil. On me demande de parler du premier livre qui m'a fait peur et pourquoi. J'ai tout de suite pensé au Grand Livre Vert, de Robert Graves et illustré par Maurice Sendak. Mon thé est infusé, j'y vais.
(note : la version sortie en salles en France est censurée, plusieurs scènes sont coupées du film original ; voilà qui pourrait justifier le piratage, dommage).
martin page
4 commentaires:
Oh, je pourrais dire la même chose du Grand livre vert (j'ai essayé souvent le cercle sur le sol et autre rituels).
Je te laisse la responsabilité de tes propos M. Martin.
Ce film est sans doute le miroir de la régression de la société marchande...
Je dois être un peu coincé, mais les buddy movie mal écrit me font pas rire...
Oui, et mille fois oui ! Et hier j'ai revu - dans un tout autre registre - Les dernières vacances de Leenhard, qui m'a fait le même effet. Rendez vous le 3 décembre pour Pineapple Express, même salle.
Oh je ne connais pas ces dernières vacances. Je vais y remédier.
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